Soins de Santé Primaires en Milieu Rural

Projet Multisectoriel de Nutrition et santé

 

Donateur

Unité de Gestion du Programme de Développement du Système de Santé (UG-PDSS) - Projet Multisectoriel de Nutrition et de Santé (PMNS)

Ministère Assisté

Ministère de la Santé Publique, Hygiène et Prévention (MSPHP)

Titre de la mission

Prestation de services de Planification Familiale dans la province du Kasaï dans le cadre du Projet Multisectoriel de Nutrition et de Santé (PMNS)

Province d’intervention

KASAÏ

Zones d’intervention

Banga-Lubaka, Bulape, Dekese, Ilebo, Kakenge, Kalonda Ouest, Kamonia, Kamwesha, Kanzala, Kitangwa, Luebo, Mikope, Mushenge, Mutena, Mweka, Ndjoko-Mpunda, Nyanga et Tshikapa.

Numéro du contrat

ZR-DRC-MSP-235317-CS-QCBS

 

I. Contexte et justification

A. Fécondité élevée.

Avec un taux de fécondité de 7,8 enfants par femme en moyenne, la province du Kasaï connaît un taux de fécondité parmi les plus élevés du pays, bien au-dessus de la moyenne nationale de 6,2. La fécondité parmi les adolescentes de 15 à 19 ans aussi est élevée dans cette province, à 141 pour 1000, dépassant la moyenne nationale de 109. Environ une adolescente de 15 à 19 ans sur trois (31.2%) a déjà commencé sa vie procréative, soit ayant déjà eu une naissance vivante (22,8%) ou étant enceinte d’un premier enfant (8,4%). (MICS 2018).

B. Problèmes liés à la fécondité élevée chez les adolescentes.

La fécondité des adolescentes (31,2%) est associée: (i) à l'abandon scolaire : 44% de filles en  âge d’aller au premier cycle de l’école secondaire sont hors de l’école au Kasaï (largement au-dessus de la moyenne nationale de 17%) contre 17% de garçons (MICS 2018) ; (ii) à un risque plus élevé de décès et d'invalidité en raison de la grossesse et de l'accouchement (les décès maternels représentent 29% de tous les décès de filles de 15-19 en RDC selon l’EDS 2013-14 ; les complications de la grossesse figurent parmi les causes principales de décès parmi les filles adolescentes [1]) ; (iii) à des conséquences sur le bébé à la naissance et à un retard de croissance chez l’enfant. Selon le MICS 2018, 44% d’enfants de moins de 5 ans ont un retard de croissance au Kasaï. Le mariage précoce est aussi un sujet majeur de préoccupation dans cette province. La moitié des femmes de 20 à 24 ans (51%) actuellement mariées ou en union l’ont été avant leur 18ème anniversaire dont 17% avant 15 ans d’âge.

C. Faible utilisation de la contraception moderne.

Selon le MICS 2018, le taux de prévalence contraceptive moderne au Kasaï est de 12,9% parmi les femmes 15-49 mariées/en union, et de 9,5% parmi les adolescentes de 15-19 ans. Parmi les utilisatrices de la contraception moderne, près de trois quarts (74%) utilisent la méthode d’allaitement maternel et d’aménorrhée (MAMA) (9,5%), comme l’illustre le graphique ci-dessous. Sans la MAMA, le taux de prévalence contraceptive moderne est très faible, à 3,3%. L’utilisation des méthodes à longue durée est très faible, à 4% (implant : 4%, dispositif intra-utérin, DIU : 0%) des méthodes utilisées par les utilisatrices de la contraception moderne.  

Figure 5. Répartition des utilisatrices de la contraception par type de méthode utilisée (Method mix), Province du Kasaï (MICS 2018)

D. Besoins non satisfaits élevés en matière de PF.

Dans la province du Kasaï, environ 17% de femmes en âge de procréer a un besoin de planification familiale (PF) non satisfait, soit pour espacer les naissances (9,3%), soit pour ne plus avoir d’enfants (3,1%) (MICS 2018). Dans l’ensemble, la demande exprimée en matière de planification familiale s’élève à 33,3%, dont 12,9% de demande satisfaite avec les méthodes modernes, 3,4% de demande satisfaite avec les méthodes traditionnelles et 17% de demande non-satisfaite, comme illustré dans le graphique ci-dessous.

 

Figure 6. Situation de la demande en matière de contraception parmi les femmes mariées/en union (MICS 2018)

 

E. Offre des services de planification familiale.

Selon le rapport de l’Évaluation des Prestations des Services de soins de Santé (EPSS) 2017-2018 [2], les services de PF sont disponibles dans six formations sanitaires sur dix au Kasaï, avec 62% de formations sanitaires enquêtées offrant une quelconque méthode moderne de PF. Parmi ces formations sanitaires, 76% fournissent au moins trois méthodes contraceptives modernes réversibles et 66% de prestataires des services de PF interviewés avaient bénéficié d’une formation en PF au cours des 24 mois précédant l’enquête. Toutes les méthodes offertes par les formations sanitaires étaient disponibles dans 65% de formations sanitaires le jour de l’enquête seulement. Malgré les progrès observés, les prestations de soins et de services de santé, y compris les services de PF et SR, connaissent des problèmes prioritaires récurrents qui sont : (i) la faible couverture sanitaire, (ii) la faible qualité des soins et des services offerts (iii) la faible résilience des structures de santé face aux urgences sanitaires (iv) la faible utilisation des soins et des services disponibles, et (v) la faible redevabilité publique des services de santé (PNDS 2019-2022). Selon les résultats de l’enquête Sécurité des Produits de Santé de la Reproduction (SPSR de 2019), près de la moitié des formations sanitaires (42.3%) étaient en rupture des stocks d’au moins 3 méthodes contraceptives le jour de l’enquête, ce qui constitue un obstacle majeur à l’accès des femmes et des filles à la contraception.

G. Obstacles à l’utilisation de la contraception perçus par les femmes.

La faible utilisation des services de PF et SR disponibles est due entre autres aux barrières socioculturelles qui créent des obstacles majeurs à l’utilisation de la contraception par les femmes et les filles dans cette province, comme le montre les résultats de l’analyse de la situation des femmes et des filles dans les zones de santé appuyées par le projet ASSP, étude menée en 2016 dans les quatre provinces d’intervention du projet, y compris le Kasaï. [3] L’opposition des hommes/maris est le principal obstacle à l'utilisation de la contraception par les femmes, cité aussi bien par les femmes que par les hommes. Les autres obstacles incluent les croyances culturelles et religieuses, la peur des risques pour la santé ainsi que des conceptions erronées quant à la sécurité et aux effets secondaires des méthodes contraceptives. Les hommes craignent, avec l’utilisation de la contraception, que leurs femmes deviennent infidèles en toute sécurité en sachant qu'elles ne peuvent pas concevoir. A cela s’ajoute la culture pro-nataliste selon laquelle avoir beaucoup d'enfants est assimilé au statut masculin dans la communauté. En effet, presque tous les hommes (96%) interviewés contre 65 pour cent des femmes estiment que la contraception est contraire à leur culture. Les idées erronées identifiées par l’étude quant à la sécurité et aux effets secondaires des méthodes contraceptives incluent la conviction que la contraception entraîne la stérilité des femmes et que l'utilisation du préservatif diminue la libido chez l’homme et peut causer l’impuissance. Pour les adolescentes, les principaux obstacles sont l'opposition de leurs parents qui cherchent à protéger la virginité de leurs filles, la peur de la réaction des parents et l’attitude paternaliste et moralisatrice des prestataires. Il y a aussi la crainte d’être l’objet des moqueries et de stigmatisation si les autres (amis, membres de famille, membres de la communauté) apprennent qu'elles utilisent la contraception, l’absence de connaissance des méthodes contraceptives modernes disponibles ainsi que des difficultés à y accéder. Le manque d'argent pour acheter les contraceptifs et la réduction du plaisir sexuel perçue en utilisant des préservatifs ont également été mentionnés comme des obstacles à l’utilisation des méthodes.

 C'est dans ce contexte que le consortium SANRU-Pathfinder va travailler pour améliorer l'accès et assurer la qualité des services de PF/SR, en mettant l'accent sur l'équité d'accès pour les femmes et les adolescents. Pour atteindre ces objectifs, il est essentiel de s'associer avec les communautés ainsi que les autorités et leaders locaux pour aborder les normes sociales qui favorisent la VBG. Il est également essentiel de renforcer la capacité du secteur de la santé à répondre aux VBG et à fournir des services médicaux aux survivants. Au fil du temps, l'augmentation de l'accès et de l'utilisation de services de qualité en matière de PF et de VBG grâce à des approches transformatrices du genre contribuera également à l'amélioration de la santé familiale et de la sécurité alimentaire.

 II. Objectifs de 2021 à 2023 :

L’objectif général du projet PNMS est d’augmenter l'utilisation des services de PF et de SR afin de contribuer à améliorer l'état de santé des femmes en âge de reproduction et des adolescentes dans la province du Kasai.

  1. Les objectifs spécifiques sont :
  1. Améliorer l'accès, l'utilisation et la qualité des services de PF et de SR pour les femmes en âge de procréer et les adolescents ;
  2. Assurer la disponibilité des services de PF et de SR par le biais des plateformes communautaires existantes ;
  3. Assurer la mise en œuvre des activités de PF et de SR ;
  4. Soutenir le système de santé pour fournir des services de PF et de SR de qualité.

 III. Cartographie des zones d’intervention:

Le projet PMNS est mis en oeuvre dans la province du Kasai dans 18 Zones de santé dont : Banga-Lubaka, Bulape, Dekese, Ilebo, Kakenge, Kalonda Ouest, Kamonia, Kamwesha, Kanzala, Kitangwa, Luebo, Mikope, Mushenge, Mutena, Mweka, Ndjoko-Mpunda, Nyanga et Tshikapa.

IV. Equipe de gestion :

 Dr KABONGO MBUBI Davis: Chef de Projet 

 

V. Source de Financement : Banque Mondiale

VI. Durée :21 mois (initiaux)

 

 

 

Références:

[1] OMS. Plus de 1,2 million de décès d’adolescents chaque année, presque tous évitables. Communiqué de presse – 16 mai 2017, Genève. Disponible sur https://www.who.int/fr/news/item/16-05-2017-more-than-1-2-million-adolescents-die-every-year-nearly-all-preventable 

[2] Ecole de Santé Publique de l’Université de Kinshasa (ESPK) [République Démocratique du Congo] et ICF. 2019.

République Démocratique du Congo : Evaluation des Prestations des Services de soins de Santé (EPSS RDC) 2017-

  1. Kinshasa, RDC et Rockville, Maryland, USA : ESPK et ICF.

[3] Pathfinder International. Analyse de la situation des femmes et des filles dans les zones de santé bénéficiaires de l’appui du projet ASSP en République démocratique du Congo. 2016.

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